À l’occasion de la visite du Premier Ministre au CHU de Montpellier vendredi dernier, la CGT a pu échanger sur les sujets qui nous concernent.
Cette rencontre, avec notamment son premier conseiller Santé, a permis à la CGT d’exprimer avec vigueur l’imposture d’un grand nombre de mesures mises en avant pour soigner, à défaut des patients et des agents, un bilan santé très cosmétique en cette fin de quinquennat.
Malgré la tentative de rattraper péniblement (sans y parvenir) quasiment 20 ans de gel de salaires, le Ségur de la Santé (non signé par la CGT) peine à convaincre les hospitaliers. L’augmentation d’une majorité des salaires de la fonction publique hospitalière est clairement en deçà des besoins réels.
Une fois passé les effets d’annonce, le compte n’y est pas.
Les augmentations observées après le reclassement des grilles sont bien plus faibles que les montants annoncés à tue-tête dans la presse. Et encore, cela ne concerne que celles et ceux qui ont eu la « chance » de voir leur grille retouchée : 1/3 des hospitaliers sont les oubliés du Ségur 2, sans compter les contreparties comme certains avancements de grade gelés pour plusieurs années.
De nombreux professionnels sont toujours et plus que jamais oublié de ce Ségur et subissent une précarité professionnelle toujours plus importante, nous pensons plus particulièrement aux agents hospitaliers des filières médico-sociales, administratives ou techniques.
N’oublions pas le fait que le point d’indice est toujours gelé et que donc dès 2022, le pouvoir d’achat réel poursuivra sa stagnation, voire sa diminution. Le point gelé, c’est-à-dire le montant du salaire qui n’est pas adapté, années après années, au coût de la vie, est une des mesures fortes qui auraient pu être prises.
C’est ce qui aurait pu installer une confiance durable entre l’état employeur et les agents salariés.
Cette option n’a pas été retenue, il nous a été répondu, concernant les exclus de ce Ségur, qu’il avait fallu faire des choix… Les agents concernés apprécieront.
Le choix du « un peu pour les uns, et rien du tout pour les autres », soit toujours plus d’inégalité, toujours plus d’effort à fournir pour « comprendre une conjoncture défavorable, COVID, Blablabla », à l’heure où le patrimoine des plus grands possédants a explosé pendant la crise et les preuves d’accumulation de ces masses énormes d’argents sont soustrait à la vue de l’état pour ne pas payer d’impôt ou de cotisations sociales dessus (assurance maladie, assurance retraite, CAF, etc.).
Contrairement à ce qui est dit, il est extrêmement facile de comprendre que tout l’argent qui engraisse quelques riches actionnaires et propriétaires à coup de réduction de « cotisations sociales », de CICE ou d’évasion fiscale en toute impunité ne nourrit pas les budgets de la santé et les salaires des hospitaliers. Ce qui est difficile en revanche, c’est d’en supporter les conséquences au goût amer.
Alors oui, Monsieur Castex nous a gratifié d’un joli chèque pour rénover notre hôpital, abandonné par les politiques publiques nationales depuis plusieurs décennies, tout en offrant les belles images d’un Premier ministre « au contact » du monde hospitalier. Pas plus d’information sur les évolutions de certaines professions pourtant très attendues par les agents concernés : sages-femmes, IADE, Ambulanciers, TH-TSH, etc.
Rien sur les effectifs qui constituent pourtant l’un des leviers nécessaires à l’attrait de nos professions et leur fidélisation.
Nationalement, 15 000 postes ont été actés dans le Ségur. Il y avait 7500 vacances de postes en France avant le Ségur. 15000 – 7500 ne font plus que 7500 créations de postes, là où il en faudrait 10 fois plus pour assurer dignement des soins humanisés à l’hôpital et dans les EHPAD. Le calcul donne une moyenne de 2 à 3 agents par établissement.
C’est le moment de rejouer à la loterie des cadeaux gouvernementaux (prime Ségur…) pour savoir si on obtiendra plus ou moins que la moyenne et au détriment de qui…
Les questions de l’attractivité, de la fidélisation des personnels par des conditions de travail correctes et tenables tout le long d’une carrière, avec les pénibilités du soin reconnues par un départ anticipé à la retraite ont toutes été éludées sans autre réponse que la démographie inquiète et l’on a ouvert des places supplémentaires en formation… mais sans financement et sans mesurer à quel point réorganiser les hôpitaux pour faire du toujours plus avec moins est délétère.
On ne peut pas fonctionner en considérant qu’un agent lambda a le profil suivant :
- Énergie physique et endurance d’un jeune de 20 ans
- Pas d’enfant ni de vie familiale ou sociale
- Pas de velléité à avoir une vie personnelle stable et prévisible
- N’est jamais malade et possède l’expertise d’un salarié de 60 ans dans tous les domaines possibles « en même temps »
Bref, à l’image du projet de réorganisation de la filière d’endocrinologie que l’administration a passé en force.
L’avenir hospitalier n’est clairement pas rose et il aurait été irresponsable pour la CGT de se faire l’économie de le dire, le jour où un élu national passe nous voir. Toutefois, les maigres avancées sont tout de même le fruit de luttes et de l’aspiration à délivrer un soin de qualité dans de bonnes conditions pour ceux qui le délivrent.
L’engagement de votre syndicat à faire progresser notre établissement reste entier.
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